Soutenance de thèse de Kristin Muthui (antenne Nord, UMI SOURCE)

Résumé : 

Cette thèse étudie l'impact des extrêmes météorologiques, de la biodiversité et des pratiques agricoles soutenables sur la transformation structurelle dans les économies à faible revenu et émergentes, ens'appuyant sur les travaux de McMillan et al. (2014) et de Dorin et al. (2013). La transformation structurelle, définie comme le passage d'une agriculture à faible productivité à des secteurs à plus forte productivité tels que l'industrie et les services, a toujours été le moteur de la croissance économique dans les pays à revenu élevé. Toutefois, dans les pays en développement, des facteurs tels que la faible productivité agricole, les effets des réformes du Consensus de Washington, l'explosion des prix des matières premières, l'urbanisation rapide et les changements démographiques ont entravé ce processus. Le changement climatique et la dégradation de la biodiversité remettent encore plus en question la faisabilité des stratégies d'industrialisation passées. Le premier chapitre examine les effets des extrêmes climatiques - sécheresses, inondations et vagues de chaleur - sur la transformation structurelle. À l'aide d'un modèle de panel dynamique et d'équations simultanées, il constate que les événements météorologiques extrêmes réduisent la productivité du travail agricole et augmentent la dépendance à l'égard de l'agriculture pour l'emploi, en particulier dans certains pays d'Afrique. En
revanche, certains pays d'Amérique latine et d'Asie, bénéficiant de conditions favorables, ont connu une transformation structurelle favorable à la croissance, ce qui souligne la nécessité de mettre en place des stratégies d'adaptation au climat spécifiques à chaque région. Le deuxième chapitre prolonge cette analyse en explorant le rôle de la biodiversité dans le soutien à la croissance de la productivité totale des facteurs (PTF) agricoles. Si la biodiversité a un impact positif sur la croissance de la PTF agricole,  les événements météorologiques extrêmes, en particulier les sécheresses, compromettent ces avantages, ce qui souligne la nécessité de préserver le capital naturel pour soutenir la croissance de la PTF. Le troisième chapitre examine l'impact des pratiques agricoles soutenables sur la transformation structurelle, en utilisant les données du recensement agricole 2020-2021 du Sénégal. Les exploitations agricoles sont regroupées en trois catégories : les exploitations intensives à haut niveau d'intrants, les exploitations adaptées au climat et les exploitations soutenables traditionnelles. Les exploitations à forte intensité d'intrants affichent la productivité la plus élevée, tandis que les exploitations adaptées au climat obtiennent des résultats modérés. Les taux d'adoption des pratiques agricoles soutenables restent faibles et dépendent de facteurs tels que l'alphabétisation des ménages, le soutien à l'agriculture et les événements météorologiques extrêmes. Des pratiques telles que l'agriculture de conservation sont liées à la réduction des effets négatifs des événements météorologiques extrêmes et de la dégradation de l'environnement. La thèse préconise des stratégies intégrées et localisées pour stimuler la productivité agricole et favoriser une transformation structurelle propice à la croissance face à des conditions météorologiques plus fréquentes et plus extrêmes. 

Mots clés: Agriculture, Changement climatique, Transformation structurelle, Emploi, Développement économique, Pays à faible revenu